Cela fait plusieurs semaines que vous me lisez vantant les romans de Patrick Senécal, que c’est un auteur que j’aime dont bien, mais je tarde à sortir un article sur l’un d’eux. Le temps est finalement venu! Je viens tout juste de terminer Le Vide : Vivre au Max, mon cinquième livres de cet auteur québécois très connu pour ses polars mélangeant horreur et humour. J’aime comparer son style à celui de Stephen King, les deux démontrant une imagination tordue et perverse qui vous donne froid dans le dos.
Le Vide : Vivre au Max est le premier tome d’une duologie que j’ai ramassé en librairie il y a de cela quelques mois et figurant sur ma désormais très courte liste des livres encore sur ma TBR physique (in n’y en a plus que trois!) à compléter avant la fin de mon book buying ban (j’ai triché un peu avec mes achats chez Barnes & Noble dernièrement, mais je compte tenir ma promesse de terminer ma TBR avant d’entamer ceux-là). Et puis, c’est du Patrick Senécal, je suis toujours down.
Pierre Sauvé, Frédéric Ferland et Maxime Lavoie sont trois hommes aux vie différentes et éloignées dont les chemins sont sur le point de se croiser et leurs vies en seront bouleversées à jamais. Qu’est-ce qui pourrait bien lier un sergent-détective au bord d’un burnout, un psychologue ennuyé par sa vie quotidienne et un milliardaire animant l’émission de télé-réalité la plus controversé que le Québec aie connue? Alors que ce dernier aide monsieur et madame tout le monde à réaliser leurs rêves les plus insolites en direct à la télévision, les deux hommes ordinaires ne souhaitent que cela, retrouver un sens à leur existence. Mais à quel prix? L’histoire tordue et étrange de Patrick Senécal vous laissera perplexe.
C’est presque obligé que je parle de cela en premier parce qu’on s’en rend compte avant même de commencer notre lecture; les chapitres sont dans le désordre. Littéralement, le premier chapitre est le chapitre 21, puis le 8, puis le 22, puis le 1er… bref, c’est le bordel. Donc on a affaire à plusieurs points de vue qui sont eux-mêmes organisés dans un ordre très précis pour faire progresser l’histoire dans une séquence particulière. Je trouve ça brillant de venir montrer la nuance, plutôt que de simplement commencer chaque chapitre par une mise en contexte pour que le lecteur se repère dans le temps. Ça donne un style unique que je n’ai jamais vu auparavant. Cela dit, switcher d’une année à l’autre demeure confus, donc j’étais toujours un peu en suspens à chercher mes repères au début, mais rien qui m’a empêcher d’apprécier ma lecture.
Vous le savez bien, je lis les versions originales des livres, donc majoritairement en anglais. Alors lire un roman québécois veut dire lire en français, et pas n’importe quel français, le français québécois. Et même s’il s’agit de ma langue maternelle, le lire peut être un peu cringe et prend toujours un temps d’adaptation. Je tenais juste à le mentionner rapidement.
Les thèmes abordés dans Le Vide : Vivre au Max nous sont vraiment annoncés au compte-gouttes; ce n’est que durant les derniers chapitres de ce premier tome que le lecteur réalise de quoi cette histoire parle. Ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde, j’en conviens, cependant cela conserve le suspens dont ce livre a besoin pour avoir du punch.
SPOILER
Pour le moment, j’ai bien envie de m’avancer pour dire que cette histoire est une critique de la société élitiste, du système de monopole et du businessman lui-même. Le personnage de Maxime Lavoie semble vouloir apprendre une leçon à la population entière, comme quoi la vie est un jeu dont les règles sont déterminées par le plus fort et influant, et qu’en se mettant à la recherche d’un accomplissement qui fait sentir quelqu’un ainsi, il y a des sacrifices qui viennent avec. Si l’on compare les deux publics dénoncés, en commençant par l’élite, le sens de la vie est seulement d’exercer un contrôle dans toutes les sphères possibles juste parce qu’on en a le pouvoir, c’est un jeu. Et qui paie? Le reste du monde. Dans le cas de la populace, les participants de son émission, ils semblent tous avoir connu leur peak lors de la réalisation de leur rêve où ils se sentent comme le roi/la reine du monde avant de retombé six pieds sous terre une fois le jeu terminé. En bout de ligne, ils ont perdus. Dans tous les cas, le monde ordinaire n’est jamais vainqueur.
Mise à part les thèmes principaux sur la hiérarchisation et l’humanité, cet auteur est notamment connu pour quelques caractéristiques clefs dans ses romans : d’abord, la plupart de ses personnages viennent ou habitent à Drummondville, ville natale de l’auteur; mais ce qui m’intéresse précisément dans cet article, c’est le sens de vulgarité et de violence qui teint ses histoires. Les lecteurs réguliers de Senécal savent que celui-ci « se spécialise » en quelque sorte dans les personnages fervents d’une vie sexuelle hors-norme ou très enclin aux excès de colère soudains. Sans dire que cela est une mauvaise chose, je tiens simplement à avertir les gens que dans chacun de ses livres, vous trouverez des scènes de violence ou d’activité sexuelle et graphiques.
Ce n’est pas que le livre de Patrick Senécal n’est pas bon, c’est qu’il fait partie d’une série qui nécessite qu’on lise tous les tomes avant de savoir si on l’aime ou non. J’ai l’impression, en tant que lectrice, que l’auteur a écrit son roman en entier, mais que comme elle fait 1000 pages de long, son auteur trouve plus raisonnable de le diviser en deux parties. Rien de mal là-dedans, mais on demeure absolument sur notre faim en terminant le premier tome. Je compte définitivement lire le second car je suis bien intriguée de connaître la fin de cette histoire, mais si j’avais à faire la lecture de cette duologie pour la première fois, je m’assurerais d’avoir les deux tomes à portée de main dès le début!
Ce que je peux affirmer après ma lecture de Le Vide : Vivre au Max est que ce livre confirme mon admiration pour Patrick Senécal; ses livres se lisent tellement bien, ils coulent de manière fluide avec un langage parfois familier, parfois soutenu mais toujours compréhensible et accrocheur. Les pages filent sans qu’on s’en rendent compte et le temps passe vite! Il nous arrive toujours avec des concepts hors du commun défiant notre imagination, nous offrant des extraits inédits d’une vie qu’on n’ose pas ou qu’on ne veut pas vivre, mais sur laquelle on aimerait s’informer un peu. Il nous ouvre la porte juste assez pour que notre curiosité prenne le dessus et nous fait s’immiscer dans une histoire saugrenue, l’envers du décor de la vie de rêve qu’on nous vend. C’est ce que j’adore de Patrick Senécal.
J’éprouve de la difficulté à mettre de l’ordre dans mes idées puisque l’histoire est très loin d’être terminée au moment où j’écris ces lignes. Restez à l’affût pour la seconde partie de cette review! Pour l’instant, je pense qu’une note de trois étoiles est méritée pour Le Vide : Vivre au Max!