Si vous êtes le moindrement intéressé par l’histoire, la guerre froide ou l’espionnage, ce livre est pour vous! Code to Zero de Ken Follett mêle leçon d’histoire et action de manière brillante. Non seulement on ressort diverti, on apprend aussi beaucoup sur la dynamique de la deuxième moitié du 20e siècle.

*Bonne journée internationale du vol spatiale habité!

Synopsis

La veille du décollage du satellite américain rivalisant contre le Sputnik soviétique, un homme se réveille dans les toilettes d’une station de train de Washington D.C. sans souvenir de comment il s’y est retrouvé. Pire encore, il ne se souvient plus de rien; ni de son passé, ni de son nom. Ça ne pourrait pas être pire, non? Si. L’homme réalise qu’il est surveillé. C’est donc sans identité qu’il devra comprendre ce qui lui est arrivé et pourquoi. Son ingéniosité l’amènera à retracer son histoire avec l’aide de l’amour de sa vie, mais à quel prix?

C’est donc une intrigue d’espionnage qui attend le lecteur. Cela rime avec tromperie, traîtrise, manigance, ingéniosité et risque, c’est-à-dire tout ce qu’on aime d’un bon roman d’action! J’ai particulièrement aimé le rythme de l’histoire avec ses chapitres courts et ses différents POVs. La chronologie est un élément bien réussi qui aide l’auteur à dévoiler son jeu une carte à la fois et au moment opportun. Par exemple, il entremêle les scènes du passé avec celle du présent afin de montrer plutôt que de dire, une force de son écriture.

Mais comme avec toute bonne histoire d’espionnage et de politique, il y a des risques que le spectaculaire prenne le dessus sur l’intrigue. Ne vous inquiétez pas, ce n’est nullement le cas ici.

Code to Zero est bien plus qu’une histoire d’espionnage à l’américaine. Il nous montre le côté humain de l’entreprise.

Je ne m’attendais pas à être bouleversée par l’histoire de certains personnages. On pense aux espions comme étant des gens détachés de leurs émotions, capables de sacrifier leur vie entière à une cause et oublier de laisser une place à leurs sentiments. Code to Zero montre cette réalité mais également comment cela peut détruire une personne. L’honneur et la bravoure sont à être admirés, mais le sens de sacrifice incommensurable en vaut-il la peine? C’est la question qui me trotte dans la tête après avoir lu ce livre.

SPOILER

Autant Elspeth m’enrage à cause de la trahison ultime envers Luke et son pays natal, autant je compatis avec elle. Ses motivations originales d’un monde meilleur, un monde où les intérêts géopolitiques ne sont pas le centre des décisions gouvernementales des services secrets, où la sécurité publique, où les humains, est réellement le centre d’attention. L’incident du Guatemala et de la Fruit Company représente un enjeu réel de la guerre froide ayant joué un rôle significatif que je respecte en tant que motif pour rêver à une nouvelle approche. Dans ce sens, je comprends la souffrance qu’Elspeth a pu ressentir et ce qui l’a poussé à prendre la décision de poursuivre sa mission.

Elle m’enrage aussi parce qu’elle est brillante à réussir à échapper aux griffes de Luke tout le temps. J’admire cette intelligence.

Qui dit histoire d’espionnage dit chute et Code to Zero n’en fait pas exception!

Pour les amateurs de théories, voici un livre qui vous permettra de construire les vôtres. Code to Zero contient plusieurs plot twist intéressants qui valent le détour. Sont-ils imprévisibles? Pas nécessairement. Mais ils demeurent satisfaisants.

SPOILER

J’ai personnellement deviné les deux gros plot twist du livre et je ne suis pas quelqu’un qui présume correctement souvent (à mon grand désespoir…) C’est avec beaucoup de scepticisme que j’ai accueilli l’information comme quoi Luke est un espion du KGB et me suis tout de suite questionnée sur la fiabilité de Anthony. Dès qu’il a été question d’espionnage, mes soupçons se sont tournés vers celui-ci. Donc une première chute devinée. Puis, avec le temps et surtout la lettre du médecin concernant la stérilisation de Elspeth, elle est devenue elle aussi très louche à mon sens.

Une fin qui donne à réfléchir

Sans dévoiler la fin, j’aimerais seulement mentionner que ce n’est pas une histoire heureuse, qu’elle se termine bien ou non. Lorsqu’on travaille sur la guerre froide, on doit avoir de l’empathie pour tout le monde. Il s’agit d’une période étrange où les tensions affectaient de près ou de loin le monde entier et surtout les civils. C’est un sujet excessivement complexe qui s’échelonne sur une longue période et dont les sous-divisions sont tellement nombreuses que peu de gens les connaissent toutes. À défaut de trouver une source unique parfaitement fiable et objective, voici une vidéo récapitulative bien expliquée si vous désirez en apprendre un peu plus.

Revenons rapidement sur la fin du livre : j’ai aimé le dénouement. Il est la suite logique d’un roman d’espionnage plus ou moins fidèle à la vérité (c’est une oeuvre de fiction, à ne pas oublier). Les scènes finales ne sont pas rushées même si elles sont remplies d’action. On devient le témoin de toute l’ingéniosité humaine lorsque vient le temps de se sortir de situations inconfortables. Elles vous laisseront frustrés et ravis simultanément!

SPOILER

La fin me laisse un goût amer en bouche.

D’un côté, je suis heureuse que Luke réussisse à prouver son innocence et obtienne l’histoire d’amour qu’il mérite. De l’autre, ses souvenirs demeurent effacés et il a tellement perdu en termes de soutien et d’amitié. Code to Zero raconte le genre d’histoire où le personnage principal finit par se suicider quelques années plus tard à cause du malheur que toute l’expérience lui a apporté. C’est du moins le sentiment qu’il m’a inspiré.

La mort de Elspeth est également une scène étrangement émouvante. Je dis étrangement car il s’agit tout de même de l’ennemi, de l’autrice de la grande trahison. On peut respecter une femme qui dédie sa vie à une cause humaine.

Alors que j’entamais Code to Zero avec aucune attente particulière, j’ai été surprise d’aimer l’histoire à ce point. Le rythme est parfait et les chapitres courts, de sorte qu’on veuille le dévorer. Ce livre m’a fait me coucher tard et m’empêchait de dormir parfois car les scénarios roulaient dans ma tête! Je suis très heureuse de cette lecture.

Note finale : 4.5/5

Pour une autre fiction historique prenant place durant la guerre froide, je recommande 11/22/63. À la recherche d’un page-turner avec de bonnes chutes? Project Hail Mary saura vous plaire. Bonne lecture!