On continue les célébrations des romans québécois avec une redécouverte pour ma part. Si vous ne l’avez pas lu au CEGEP, laissez-moi vous présenter l’un des livres les plus intrigants que je connaisse. Ces Spectres Agités est difficile à décrire… L’excentrique roman date de 1991 et pourtant, très peu de gens semblent l’avoir lu. À qui la chance?

Synopsis

Entraîné dans la vie nocturne de Dorianne, Vincent ne peut faire autrement que de se laisser envoûter. Le Grand roman québécois attendra. Après avoir vu Pierre succombé à ses charmes, Pietr voit Vincent tomber rapidement lui aussi. Leur triade, tout comme leurs projets, seront interrompus par le mystère de Dorianne. Tel un félin insatiable, elle-même envoûtée par le vin rouge et la nuit, Dorianne est une victime autant qu’un agresseur.

Si le lecteur ne retient de ce livre que Dorianne est une gamine alcoolique et manipulatrice, il sera tombé à côté de la plaque. Les sous-entendus sont évidents, et pourtant certaines personnes n’en saisissent pas le sens.

J’invite quiconque intéressé à lire ce livre à ne pas poursuivre la lecture de cet article. Il contient trop de spoilers pour véritablement offrir la chance de lire Ces Spectres Agités à l’aveugle.

D’abord, la prose y est absolument magnifique. Étrange et éparpillée, oui, mais ô qualitative. L’auteur nous assomme avec ses monologues et ses descriptions qui apparaissent n’avoir aucun sens ou utilité. J’en viens à me questionner sur le lyrisme du texte. Ce type d’écriture hautement descriptif reflète-t-il une ambiance ancienne, aristocratique et moderne? Est-ce dans l’objectif de créer cette atmosphère gothique d’une antre sombre et poussiéreuse? Vincent passe la remarque à plusieurs reprises que Dorianne possède un air aristocratique.

J’avance une théorie selon laquelle cette abondance, cette redondance descriptive sert un agenda précis. Celui de nous mettre à la place des personnages. D’entrer dans leur tête confuse. De se sentir comme dans un rêve qui n’est pas le notre. Selon moi, la première partie du livre montre l’ensorcellement de Dorianne, son emprise sur Vincent et Pierre. Puis tout d’un coup, on découvre le point de vue de Pietr qui n’a jamais eu confiance en elle, car elle en est un. Ses divagations sont écrites en italiques. Coïncidence? Peu probable, surtout étant donné que le texte de Vincent bascule lui aussi en italique après leur séparation. Lorsqu’il se l’avoue enfin.

Ma première confrontation avec ce livre fut au CEGEP, dans un cours de français sur la littérature imaginaire. Je me souviens l’avoir étudié et une fois la lecture terminée, l’enseignante nous expliquait qu’un de ses collègues ne comprenait pas pourquoi elle employait ce livre pour illustrer la littérature fantastique… Il est vrai que le secret de Dorianne n’est jamais révélé de manière claire, mais les preuves s’accumulent. Et elles parlent d’elles-même.

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Il ne serait pas mon instinct de recommander ce livre à quelqu’un. Pourtant, je l’ai bien aimé. Je crois qu’un lecteur d’expérience saura l’apprécier pour l’oeuvre qu’il est. Mais il ne figurera jamais sur ma liste de recommandations pour un nouveau lecteur. Ce n’est pas un livre à lire pour l’action, mais pour le style, pour la littérature et l’ingéniosité de l’écriture.

Note finale : 3/5

Avez-vous lu ce livre vous aussi? Dîtes-le-moi en commentaire!