Lorsqu’est venu le temps de choisir quel livre aura l’honneur de clore le mois de juin et la représentation québécoise, Frappabord de Mireille Gagné était au top de ma liste. Grâce à sa couverture colorée et son synopsis lowkey apocalyptique, le choix paraissait évident. Une parfait lecture rapide pour terminer le mois en beauté.
Synopsis
En 1942, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada s’engagent dans la conception d’armes bactériologiques dans l’espoir de prendre le dessus dans la guerre contre les Allemands. Pour ce faire, des scientifiques et des militaires des 3 pays alliés s’installent sur Grosse-Île dans le Saint-Laurent. Les décennies passent et lors d’un violent épisode de canicule, on remarque une hausse inhabituelle d’excès de rage dans la ville de Montmagny. La colère et la violence se répandent comme une épidémie inexplicable.
Le lecteur a droit à une histoire à 3 points de vue : un entomologiste durant la Deuxième Guerre mondiale, un jeune homme vivant la canicule spectaculaire au 21e siècle, et un frappabord. Cette dernière perspective inusité ajoute une touche de paranoïa bien calculée de la part de l’autrice. La narration par l’insecte me troublait pas l’exaltation que celui-ci ressentait à l’idée de piquer sa victime. Dans un sens, son implication était similaire à celle d’un harceleur malsain… J’ai beaucoup aimé cette touche, aussi étrange qu’elle soit.
Frappabord mélange la créativité d’une possibilité encore inconnue et le talent d’écriture de Mireille Gagné.
L’autrice a un style d’écriture direct, mais élégant. J’aime sa manière de transformer une description simple en un paragraphe riche de métaphore et d’image. Du début à la fin, je voyais l’histoire défiler devant mes yeux comme sur un écran mental. Quant au scénario imaginé par Mireille Gagné, bien que les histoires apocalyptiques ne soient normalement pas ma tasse de thé, celle-ci demeure si près de la réalité que ça en fait peur. Lorsqu’on y pense, des milliers d’opérations militaires ont été conduites en secret et le grand public n’en connaît l’existence que des décennies plus tard. Il pourrait certainement se produire une mission en ce moment même et dont seuls nos successeurs connaîtront les secrets dans 100 ans. Ce livre me rappelle ce fait très réel.
Tout au long de ma lecture, j’étais persuadée que ce serait un 5 étoiles. Mais la fin m’a légèrement déçue.
J’aurais aimé avoir davantage de détails sur les expérimentations que les Américains ont conduit sur [j’ai oublié son nom]. Savoir ce qui a conclu à la mise en arrêt du développement du projet secret. Connaître la vérité sur les conséquences de cette arme dévastatrice. La fin arrive tellement abruptement et laisse tant de questions en suspens qu’elle devient frustrante. Je comprends néanmoins pourquoi l’autrice choisit de terminer l’histoire ainsi. Puisque ces personnages n’ont jamais connu la vérité et l’étendu de leurs découvertes, il est logique que le lecteur n’en sache rien non plus. Cette fin ouverte cultive également la paranoïa d’un jour se faire détruire par un monstre que l’humain a lui-même créé. Tout de même, je ne comprends pas pourquoi [grand-père] et Théodore renaissent après leur mort et ça me chicotte.
Malgré cette petite déception, j’ai plus que jamais envie de me plonger dans l’univers de cette autrice. Frappabord étant le deuxième roman de Mireille Gagné, j’ai bien hâte de faire marche arrière pour lire son premier livre.
Note finale : 4/5