La saison du dark academia est à nos portes avec l’arrivée prochaine de l’automne! En plus d’être la saison de mon anniversaire, elle regorge de lectures cozy, mystérieuse et saisissante. Celle-ci se définie définitivement par ces 3 caractéristiques. On le voit encore passer sur les réseaux sociaux, donc me voici embarquant sur la vague. Est-ce que If We Were Villains mérite les bonnes critiques?

Synopsis

Oliver Marks sort de prison aujourd’hui, après 10 ans d’emprisonnement pour un crime qu’il a ou n’a peut-être pas commis. L’inspecteur l’ayant arrêté une décennie plus tôt, maintenant retraité, désire connaître la vérité. Oliver était l’un des 7 jeunes acteurs shakespearien de Dellecher, un prestigieux collège d’arts, où ils performaient les rôles de héros, vilains, tyrant, tentatrice, ingénue, extra. Lors de leur 4e année, des changements de rôles sur scène leur jouent dans le tête. Le jeu devient la réalité, l’animosité grandit. La tension monte jusqu’à ce que l’un d’entre eux soit retrouvé mort. Les 6 acteurs font face au plus grand défi de leur carrière : convaincre la police de leur innocence.

Excusez cette traduction très ressemblante au synopsis officiel du livre. Il est tellement bien construit et c’est véritablement ce qui m’a convaincu de lire If We Were Villains, donc voilà.

Shakespeare, qui?

Un avertissement revenant souvent avec ce livre est que si l’on ne connaît pas bien les oeuvres de William Shakespeare, on n’aimera pas ce roman. Je suis ambivalente sur cette affirmation. D’un côté, il est clair que ne rien connaître du théâtre shakespearien atténue l’impact sur le lecteur. On sait qu’on passe à côté de subtilités, de pointes ou de double-sens. Parce qu’on ne dissèque pas le texte en quête de ces éléments, je crois qu’il est valide de dire qu’on ne peut l’apprécier à sa juste valeur.

« You can justify anything, if you do it poetically enough. »

D’un autre côté, l’histoire demeure tout à fait compréhensible. Mise à part lors du début de leur représentation de Macbeth (je n’ai pas du tout capté que c’est ce qu’ils faisaient). Je suis d’accord qu’une connaissance de Shakespeare aide à apprécier et comprendre ce livre. Pourtant, on arrive à comprendre les enjeux et les difficultés des personnages même sans ces connaissances. La nature humaine permet amplement d’imaginer le type de transformation qu’ils vivent. Gardez par contre en tête que des passages des pièces shakespeariennes sont parsemées sur presque toutes les pages!

Actes I et II

La grande force des ces deux premières parties est la création de l’ambiance. L’atmosphère me ramenait à Babel, un autre livre dark academia que j’ai beaucoup aimé au début de l’année. Le campus universitaire, la fraternité, la vie de jeune adulte en quête de soit, l’amitié… Malgré le paysage lugubre que l’autrice dresse, je ne peux m’empêcher de vouloir être assise dans la salle de spectacle de Dellecher, de me promener dans la forêt ou sur le bord du lac, de lire et étudier dans le confort de la Tour. Elle crée un monde quelque peu magique, envoûtant, qui cache des secrets terribles.

Son académie des arts est un endroit fictif que je n’oublierai jamais.

Au fur et à mesure que l’histoire se développe (c’est-à-dire, très tranquillement durant les actes I et II), je note à quel point les personnages sont caricaturés. Ils décochent toujours le même type de rôle, celui qui devient sa personnalité ou vice-versa. Pour une non-initiée comme moi, je n’arrive pas à déterminer si c’est une expérience normale dans le monde du théâtre. Toujours est-il que Richard sera toujours le méchant, James le héros, Meredith la sensuelle, Philippa l’oubliée et Oliver le typique. Et cette manière de développer les personnages fonctionne pour montrer l’escalade des tensions.

Dans l’acte II particulièrement, les altercations et différents entre les 7 amis sont nombreux. L’intrigue de l’emprisonnement de Oliver devient de plus en plus apparent. Étonnamment, j’aime que l’autrice nous garde dans le noir longtemps par rapport à l’arrestation de celui-ci. Cela contribue à l’aspect lugubre de l’histoire.

Acte III

On commence ici à comprendre ce qu’il se passe dans If We Were Villains. Le synopsis nous annonce que l’un des étudiants meurt et que les autres deviennent les principaux suspects. Pourtant, j’avais oublié cet élément crucial. J’étais tellement éprise par l’atmosphère et les relations entre les personnages que cela m’était sorti de la tête. Bref, and then there were 6.

« Hatred is the sincerest form of flattery. »

C’est à partir de l’acte III que les personnages changent pour de vrai. Meredith me tombe sur les nerfs. James agit étrangement, on est incertain de la source de sa jalousie. Alexander fait peur. Wren s’efface tranquillement. Une phrase m’a marquée, celle où Oliver décrit Dellecher comme une place surréelle qui met quelqu’un en trance, comme un culte. À partir de ce moment, je m’imaginais une histoire à la limite du paranormal. Les possibilités deviennent infinies. Je me méfiais des professeurs, des autres étudiants, de ce qui se cache dans la forêt… Tout le monde devient suspect.

Acte IV

Les comportements sont plus erratiques dans l’acte IV où la colère apparaît comme un personnage physique. L’irritabilité et la rivalité sont au maximum. Soudainement, ce n’est plus if we were villains, mais when we were villains. Le programme de théâtre favorise cette compétition ardente. Plus les étudiants se sentent menacés, plus ils performent. J’en suis venu à me demander si Dellecher n’avait pas commis le meurtre afin de réveiller le mal dans chacun des 6 shakespeariens restants.

« ‘Do you blame Shakespeare for any of it?’ The question is so unlikely, so nonsensical coming from such a sensible man, that I can’t suppress a smile. ‘I blame him for all of it.’ »

La dégringolade du sentiment familial brouille les cartes. On se demande si c’est à cause de la pression grandissante avec la fin de leur scolarité qui approche ou si c’est parce que les secrets deviennent trop lourds à garder. Une chose est sûre, chaque personnage montre de quoi il est capable.

Acte V

Normalement, le dénouement final vient avec un soupir de soulagement. Ce n’est pas le cas ici. La révélation du meurtrier, sans être entièrement inattendue, reste surprenante. Mais c’est la chronologie de la suite des événements qui fait jaser. J’admire que l’autrice alimente une vérité déjà claire comme roche, malgré que ce ne soit pas de la façon que le lecteur souhaiterait.

I feel for all of them. D’une manière, le personnage principal est celui qui fait en sorte que la dynamique est devenue ce qu’elle est devenue.

« But that is how a tragedy like ours or King Lear breaks your heart – by making you believe that the ending might still be happy, until the very last minute. »

Cette citation représente mes larmes au dénouement et à la dernière phrase. Je veux y croire.

Note finale : 3.5/5

C’était un bon livre et je l’ai définitivement lu rapidement et avec fascination. Je vous encourage à en faire la lecture peu importe votre niveau de connaissance du théâtre shakespearien.