Entre deux romans fantastiques, j’ai eu envie de diversifier mes lectures. Comme une majorité sur les réseaux sociaux, les non-fictions et mémoires font rarement partie de mon régime. Je suis allé à la recherche d’un petit livre rapide et me suis arrêté sur ce mémoire d’une personne intersexe, un sujet dont j’ai possiblement déjà entendu parler, mais dont j’ai de très vagues souvenirs. À vrai dire, je ne savais pas ce qu’était l’intersexuation avant ma lecture. Donc si vous désirez un livre inclusif où vous en apprendrez beaucoup (et en ressortez diverti!), c’est ici que ça se passe.
Synopsis
Inverse Cowgirl est un mémoire de la réalité d’une personne intersexe, Alicia Roth Weigel. L’activiste féministe et et femme politique nous emmène dans sa vie rocambolesque où elle a relevé des défis en tous genres (pun unintended) pour faire valoir ses convictions et défendre les droits des femmes et des personnes intersexes. Commissaire aux droits de l’Homme à Austin (Texas) et fondatrice de Intrepida Strategy, Alicia est notamment connue pour avoir annoncé son intersexuation devant la législature d’État du Texas.
Mais qu’est-ce que l’intersexuation? Elle se caractérise comme « une manière de décrire les caractères sexuels biologiques d’un individu, notamment ses organes génitaux, ses gonades, ses taux d’hormones et ses chromosomes » (United Nations) lorsque ces attributs ne tombent pas dans les sexes traditionnels féminin ou masculin.
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Au début de ma lecture, j’étais perplexe et sceptique. Je me demandais si j’allais être cette personne qui li ce mémoire d’un individu intersexe et qui allait juger. Parce qu’il faut l’avouer, le ton employé par l’autrice dans les premières pages est très accusateur de beaucoup de gens. Elle explique que les choix par rapport à son sexe ont été fait alors qu’elle était un nouveau-né, donc n’a jamais eu un mot à dire sur le sujet. Je trouve déplorable cette réalité, il n’y a aucun doute et je ne le souhaite à personne.
Ce qui me chicotait pourtant au début, c’était cette culture du blâme qui semble avoir emprise sur les activistes : ils blâment les gens qui sont intervenu et ceux qui ont fermé les yeux. Ils blâment ceux qui ne font pas d’effort pour s’adapter et ceux qui se trompent encore malgré leur bon vouloir et leurs efforts d’inclusion. Ce que j’essaie de faire transparaître, c’est que pendant ma lecture de la préface et du premier chapitre, je me sentais attaquée moi-même alors que je ne suis pas intersexe et que personne dans mon entourage ne l’est (à ma connaissance). J’avais l’impression qu’elle se fâchait contre tous les médecins, contre tous les individus qui, de près ou de loin, ont à faire avec le domaine médical ou le domaine de la science de la recherche. Tous les gens impuissants même débordant de bonne volonté. Mais j’ai compris.
La question n’est pas ce qu’on peut faire pour améliorer la vie de ces gens en les faisant entrer dans les normes sociétales déjà en place. La question est comment améliorer nos comportements et nos moeurs pour créer une place pour ces personnes qui n’en n’ont présentement pas dans nos normes. Détruire le moule et ne pas en reconstruire.
C’est une méthode hit or miss selon moi. Parce que tu veux que les gens soient « de ton bord », et quoi de mieux que l’effet choc pour te montrer sous ton jour le plus vulnérable et t’attirer la sympathie des gens? Ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas, il n’y a pas d’entre deux (très ironique comme expression dans ce contexte, j’en suis consciente). Heureusement, j’ai adhéré. Mais je comprends comment d’autres peuvent être révulsée par cette introduction. It’s bold, it’s very Alicia Roth Weigel.

Rapidement sur le mémoire dans son entièreté, elle organise son texte par thème et expérience et les met en lien avec les tatouages qu’elle arbore fièrement. Cette touche originale m’a charmé. J’ai particulièrement aimé les chapitres Tayshas et Bridge. Dans le premier, Alicia nous fait découvrir son côté aventureux éclaté, mais surtout à quel point elle avait encore beaucoup à apprendre se le monde en dehors de son pays. Le passage sur l’Angola et l’Afrique du Sud est fort pour moi. Ça prend du courage et de l’introspection pour reconnaître que sa présence en Angola, malgré ses bonnes intentions, faisait plus de mal que de bien et qu’elle ne pourrait pas aider la communauté comme elle le mérite.
L’introduction de Wendy Davis me fera toujours me sentir fière. Le chapitre Bridge est tellement important, je pense l’avoir surligner au complet. Il m’a vraiment ouvert les yeux sur l’importance du changement en cours. Finalement, la fermeture d’esprit et le weaponized incompetence sont véritablement les plus grands maux de la société (vous savez de quel passage je parle, ma fréquence cardiaque augmente rien que d’y repenser).
Un mot sur l’eugénisme
L’autrice aborde rapidement le sujet de l’eugénisme qui est absolument fascinant (pour les mauvaises raisons). Pour ceux qui ne connaissent pas et afin de remettre les choses en perspective, voici un exemple d’eugénisme que j’ai personnellement beaucoup recherché durant mes études universitaires. Pendant les années 30 menant à la Deuxième Guerre mondiale, le parti national-socialiste des travailleurs allemands, mieux connu sous le nom de nazi, pratiquait des procédures médicales sur des civils allemands et étrangers au nom de l’eugénisme. Ces derniers avaient des défauts physiques et mentaux qui « salissaient » la race aryenne et l’humanité en général. On les stérilisait de force (avant de les euthanasier par la suite dans une partie des cas) afin de nettoyer la race et de la renforcer. C’est ça, l’eugénisme. Éliminer les défauts pour ne conserver que ce qui nous convient. Alicia nous montre que le même principe s’applique pour les personnes intersexes.
Voilà ce que j’avais à dire sur Inverse Cowgirl d’Alicia Roth Weigel. J’espère sincèrement que beaucoup lirons ce mémoire qui est, selon moi, extrêmement important pour aider à l’intégration de la communauté intersexe. Bonne lecture!