On a tous des livres qui nous intimident particulièrement, que ce soit par leur taille ou par leur contenu. Eh bien celui-ci m’intimide tout simplement. Une histoire d’horreur écrite par le maître de l’horreur? Une brique de plus de 1000 pages? It, un livre à la réputation d’être long et étrange? Dans quoi me suis-je embarquée…
Après avoir procrastiné pendant plus d’un an, voilà enfin le moment idéal pour lire It car il n’est pas question que je regarde le film (spoiler : je l’ai regardé finalement quelques temps après).
Synopsis
La petite ville de Derry est hantée, il n’y a aucune autre explication possible. Mike Hanlon et les autres enfants ont vu les meurtres et mutilations de 5 des leurs durant l’année 1957-1958, faisant fuir la plupart d’entre eux en espérant ne jamais remettre les pieds à Derry. Leur enfance a même été effacée de leur mémoire. Seul Mike y est demeuré pour surveiller les étranges activités. Lorsque, 27 ans plus tard, de nouvelles disparitions surviennent, il ne peut plus garder la tête enfouie. Ce qui rôde à Derry est de retour et les enfants de 1958 maintenant adultes devront se réunir de nouveau afin de combattre ça.
« If you took care of It, It would take care of you. That was how things had always been in Derry » (964)
Quand je dis que ce livre est long et étrange, I mean it. Mon amie soutient qu’il s’agit de ce que Stephen King a écrit de plus fucked up et je suis bien d’accord. L’histoire n’est étrangement pas ce que je m’étais imaginée. La dimension paranormale fait en sorte que tout était imprévisible, l’auteur pouvait s’en sortir avec n’importe quoi. Et je ne dis pas cela par manque de respect, mais comme la première moitié du livre n’est pas si surnaturelle que cela, ça contraste énormément avec la fin.
SPOILER
Honnêtement, tout ce qui se passe dans les égouts est un fever dream. J’avais l’impression que King écrivait librement sans plan s’action pour avancer. Mais je me demande si ce chaos et ce « manque de rationalité » vient du fait que les personnages sont des enfants lorsqu’ils vivent pour la première fois la rencontre avec It. Si c’est le cas, l’écriture devient un vecteur de la perception du danger par des enfants de 11 ans et la peur qui émanent de la situation.
It est vulgaire et graphique par moment.
Le nombre de citations que je pourrais mettre pour illustrer ce propos est immense. L’écriture peut être crue au point de déplaire à certains, mais c’est ça l’horreur. Sans faire peur à proprement parler, il y a des passages qu’on désire sauter si on a le coeur sensible. Ça revient à la préférence du lecteur, mais il faut avouer que Stephen King possède une magnifique plume qui transmet l’émotion avec efficacité. Le poil vous dresse sur les bras, les frissons courent le long de l’échine. C’est un plaisir à lire pour la forme, le contenu suscitant des réactions beaucoup plus controversées d’une personne à l’autre.
« The article in the News had called it a falling accident, and it was true that Branson Buddinger had taken a fall. What the News neglected to mention was that he fell from a stool in his closet and he had a noose around his neck at the time. » (158)
SPOILER
J’ai sauté quelques paragraphes lorsqu’on nous explique ce que Patrick Hockstetter faisait avec le animaux. Pour la première fois de ma vie, je pensais vomir en lisant un livre. Comme si l’histoire avec son bébé frère n’était pas suffisante pour prouver sa psychopathie, il fallait que King nous achève avec cela. J’étais dégoûtée. Ça montre la force d’écriture du maître de l’horreur.
Je ne vous cacherai pas que It est une histoire troublante. En plus de tout ce qui s’y passe d’étrange, certaines actions par les personnages sont tout simplement perturbantes. Pour la version sans spoilers, disons que Stephen King prend des risques en exploitant un sujet bien particulier vers la fin du livre, mais à travers la loupe d’un enfant. Ça passe mieux dans ce cas, même si la scène est creepy.
« His mother was hanging clothes in the back yard. She heard sounds of a struggle – heard her son screaming. She ran as fast as she could. As she went up the stairs, she says she heard the sound of the toilet flushing repeatedly- that, and someone laughing. She said it didn’t sound human. » (513)
SPOILER
Je parle bien évidemment de la scène dans les égouts où Beverly fait l’amour à tous les garçons, un à un. Tel que mentionné ci-haut, le sujet des enfants sexualisés est hautement critiquable. Cependant, Stephen King l’aborde vraiment selon leur vision à eux. Le fait qu’ils choisissent de faire l’amour à ce moment-là est purement logique selon leur jugement, le désir et l’envie ne sont pas les motivations principales. Beverly propose cela car elle sait qu’il s’agit d’un acte accompli entre deux personnes qui sont proches l’une de l’autre selon ses standards.
Donc autant j’étais perturbée sur le coup, autant je peux comprendre la logique derrière. Je crois que l’idée était de montrer la naïveté enfantine et la perversion de Derry.
Est-ce que je recommande la lecture de It?
Pour les fans de Stephen King, oui, je leur recommande si leur objectif est de se transporter à Derry, de vivre l’histoire. On peut définitivement y apprécier l’expertise du maître de l’horreur. Cependant, pour les lecteurs simplement curieux, soyez avertis : ce livre est beaucoup trop long pour le résultat obtenu. Je parle ici de la première moitié du livre car la seconde est passée beaucoup plus rapidement.
Je l’ai trouvé trop long parce que l’histoire est lente à démarrer. En effet, King inclue énormément de contexte et de backstory avant d’en arriver à l’action principale des personnages adultes. Le point de cet aspect m’ayant le plus dérangé est que la formule était répétitive, c’est-à-dire qu’il raconte le même moment ou la même altercation sept fois, mais selon la perspective d’un enfant différent chaque fois.
Soyez averti : It est effectivement long et étrange. Mais est-ce une mauvaise chose?
À cause des nombreuses descriptions superflues pour ce qui est de l’essentiel de l’intrigue, It est une expérience en soi et je ne regrette pas ma lecture, mais je suis déçue d’y avoir accordé un mois entier pour ce que j’en ai retiré. Ce n’est que mon opinion personnelle. L’histoire devient très intéressante passé le cap des 50% de cette brique monstrueuse. Mais parce que la mise en contexte est si longue et sa formule répétitive, mon appréciation en est affectée.
Note finale : 3/5 (parce que c’est un classique)
Pour un livre de Stephen King que je recommande fortement, n’hésitez pas à consulter mon article sur 11/22/63. Bonne lecture!