Synopsis
Momo a 6 ans et il vit chez Madame Rosa depuis aussi longtemps qu’il se souvient. Madame Rosa est une vieille femme de 95 kilos, juive et seule. Après avoir passée sa jeunesse à Auschwitz et à se prostituer dans les rues de Paris, elle offre un refuge aux enfants des travailleuses du sexe persécutées. Malgré son caractère et son apparence physique repoussante, pour Momo, Madame Rosa est l’amour de sa vie. Le lecteur entre dans leur vie prisonnière tant de la monotonie que du rocambolesque.
La vie devant soi est un livre de son époque. Publié en 1975, il remporte le Prix Goncourt la même année. Celui-ci récompense « le meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année. » De ce fait, j’aimerais porter votre attention sur le style d’écriture à mon avis très français, un peu vieux, et franchement très franc. On est habitué aujourd’hui d’avoir des listes à ne plus finir d’avertissements, de trigger warnings et de langage inclusif et politiquement correct. C’est loin d’être le cas ici. Dans un sens cependant, lorsqu’on écrit du point de vue d’un enfant, surtout d’un enfant peu éduqué, on peut se permettre beaucoup de choses. Je ne critique pas le style de M. Gary, au contraire. Attendez-vous simplement à une écriture crue et confiante.
J’avoue être peu familière avec le Prix Goncourt. Est-ce que les lauréats ont tendance à être hautement philosophiques? Favorisent-ils le développement personnel de la fiction littéraire ou s’élargissent-ils à d’autres genres? À mon sens, j’arrive à comprendre comment La vie devant soi ait pu décrocher cet honneur. Cela ne signifie pas que je le recommande forcément.
Quel est, ultimement, le message de La vie devant soi? Quelle est la leçon de vie à en tirer?
Je dirais que la pertinence d’une telle histoire (parce qu’elle ne sert pas au divertissement) est de montrer la force de l’amour, mais aussi l’effet destructeur qu’il peut avoir. Aussi cliché que cela paraisse, c’est ce qui transcende dans ce livre. Un amour inconditionnel, un peu incompréhensible. Madame Rosa se rattache à Momo autant que l’inverse. Les deux personnages répètent sans cesse comment ils ne peuvent se permettre de se perdre l’un l’autre. Il y a de quoi être touchant, mais aussi de quoi être alarmant.
Certaines décisions de leur part renvoient à la toxicité de cet amour.
Que Madame Rosa cache l’identité de Momo sous de faux papiers en le rajeunissant par crainte de le perdre prématurément, ça ne choque personne d’autre que moi? On sait que celui-ci a été privé d’une éducation car l’école l’a recalé justement à cause de son âge. Est-ce, de la part de Madame Rosa, une preuve de son amour que de prendre une telle décision qui impactera nécessairement le reste de sa vie au-delà de la sienne? Et pour Momo, il grandit avec une vision éraflée de l’amour qui bordure le toxique.
Cette critique est naturel de notre temps et non du temps de l’écriture de ce roman. Il ne faut donc pas la prendre au pied de la lettre et penser que je souhaiterais le bannir pour cause de mauvaise représentation. J’approche ce livre de manière philosophique car c’est ce qu’il est au final. Je le lis, prends ce qu’il m’offre, et réfléchis sur comment il se confronte à mon système de valeurs. C’est là l’intérêt de le lire selon moi.
Le danger du présentisme dans la littérature t’intéresse? Réfère-toi à mon article sur le problème avec booktok pour réfléchir à ton interprétation personnelle des romans que tu lis!
Le point le plus positif de ce livre est qu’il nous rappelle que l’amour n’a pas de frontière, ni de couleur, ni de taille.
Note finale : 2/5