Il me semble que mon adolescence soit teintée par la popularité des romans dystopiques. C’était la période de The Hunger Games, Divergent et The Maze Runner. Et à l’école, les professeurs choisissaient des livres comme 1984 et The Giver. Bref, on vivait durant l’âge d’or du roman de science-fiction, de la dystopie basée sur la réalité.

Ce sont des livres riches en science politique, en géostratégie et en morale. Il leur arrive d’être intrinsèquement lié à l’histoire, une discipline que la plupart des gens (ma génération du moins) semblent guère apprécier. Ils sont de parfaits candidats pour s’introduire à la fiction historique! L’intérêt de cet article est de relever des thèmes récurrents du roman de dystopie dont l’importance s’élève bien au-delà du divertissement.

Le roman de dystopie est une opportunité pour l’auteur de poser un regard critique sur la société. Il est invité (et invite à son tour le lecteur) à réfléchir sur les normes sociétales d’aujourd’hui et de les projeter dans l’avenir. Tout le monde ne sera pas d’accord avec la direction artistique qu’il prend. Mais l’occasion se présente alors de débattre sur les éléments véritablement importants.

Je prends d’ailleurs un moment pour saluer le fait que ces romans s’adressent le plus souvent aux adolescents et jeunes adultes. Ce que je trouve admirable! Ils sont l’auditoire cible pour le développement de la pensée critique.

Le darwinisme social

Un thème récurrent et fondamental du roman de dystopie est le notion de classe sociale. La lutte entre les classes est un combat qui rassemble les gens et nous pousse à adresser des questions de ce point de vue. On note particulièrement le courant du darwinisme social. Le darwinisme social est une application sociétale de la théorie de Charles Darwin, mieux connue sous le nom de théorie de l’évolution. Vous connaissez sans aucun doute le terme de « sélection naturelle » qui découle de ce concept. Eh bien, alors que Darwin n’étendait pas sa théorie de l’évolution aux groupes sociaux et raciaux, certains théoriciens occidentaux poussent l’analogie à son extrême.

Le problème survient alors : en mélangeant l’idée de la sélection naturelle au concept de classes sociales, on creuse l’écart entre celles-ci. On en vient à les hiérarchiser, accorder davantage d’importance et de prestige à certaines tout en répugnant les autres. Le racisme provient directement de ce type de pensée.

L’eugénisme

Lorsqu’on pousse la chose encore plus loin, on obtient l’eugénisme. Selon l’encyclopédie canadienne, il s’agit d’un « ensemble de croyances et de pratiques visant à améliorer la population humaine en contrôlant la reproduction ». Il devient problématique lorsqu’il entre en contradiction avec la sélection naturelle. Durant les années 1920-1930, le courant de l’eugénisme est très populaire en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Les théoriciens arrivent à convaincre les gouvernements d’adopter des politiques visant l’amélioration de leur population. Dans ce cas, « amélioration » ne signifie qu’une chose : une excuse pour écarter les indésirables. Les campagnes de stérilisation de masse sont le mécanisme principal afin d’obtenir le contrôle de la population. Au Canada précisément, les politiques de stérilisation forcée ciblent les nations autochtones.

L’emploi le plus remarquable de l’eugénisme est fait par les Nazi avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les campagnes de stérilisation (et éventuellement, d’euthanasie) sont originalement conduites contre les Allemands ne correspondant pas aux standards de la race aryenne défendue par Hitler. Par la suite, les Juifs deviennent les prochaines victimes.

Pourquoi parler de ces théories?

Les romans de dystopie mettent en évidence ces thèmes qui semblent aujourd’hui inconcevables. Et pourtant, cela s’est bien produit. On parle d’un monde idéal. On rêve d’un avenir meilleur. Mais ce futur n’est pas ouvert à tous. Un élément caractéristique des livres de dystopie est l’absence d’humanité créée par l’homme. En quête d’un monde meilleur, quelque chose se perd. Je pense que ce genre fascine les gens à cause du chaos qui en découle. Parce qu’ils savent que présentement, ils sont en sécurité et risquent de ne jamais connaître une telle réalité.

Il vaut la peine de réfléchir un peu sur ce qu’on lit. Spécialement pour ce genre. Le roman de dystopie est une occasion en or de se regarder dans le miroir et d’évaluer la société dans laquelle on évolue. Il s’inspire parfois du passé pour envisager le futur chaotique et apocalyptique. Le lecteur y trouve son compte, que ce soit à la recherche de divertissement ou afin d’éviter les pièges du futur.

Quel est votre roman de dystopie favori? Dites-le-moi en commentaire. Bonne lecture!