Dans ma tête, les romans de science-fiction suivent plus ou moins toujours la même ligne directrice. Deux espèces vivantes se font la guerre interplanétaire à bord de leurs vaisseaux spatiaux afin de combattre les méchants aliens. C’est tout le moins ce que m’inspirent les livres populaires du moment comme Red Rising de Pierce Brown ou Dune de Frank Herbert. Boy am I wrong. Les romans de science-fiction sont plus versatiles que je l’imaginais puisqu’ils regorgent de concepts défiant l’imagination. Les livres de science-fiction page-turner sont nombreux et en voici un qui vous plaira à tout coup!

Le roman de Andy Weir promet d’être captivant grâce à son synopsis intriguant.

Synopsis

Ryland Grace se réveille d’un très long sommeil sans souvenir de son propre nom, donc il n’a assurément aucune idée du pourquoi il se trouve à bord d’un vaisseau spatial, seul et à 16 années lumières de la Terre. Si la mémoire lui revient un souvenir à la fois, il ignore encore la responsabilité qui lui pèse sur les épaules, et pour le moment, c’est peut-être pour le mieux. Après tout, ce n’est pas tous les jours que la survie de l’humanité dépend de vous. Avec le laboratoire et tout l’équipement scientifique dont il pourrait rêver, Grace réalise la grandeur et l’impossibilité de la tâche dont l’incombe sa situation, c’est-à-dire trouver une solution à la menace d’extinction de son espèce, devoir qu’il doit résoudre à lui seul. Mais est-il vraiment seul?

Comme pour tous les livres que j’ai adorés, je ne sais pas par où commencer.

On nous transporte à travers un dual timeline dans l’aventure de Grace, une histoire de résilience, d’amitié et de persévérance. L’avantage de ce genre de narration est que l’auteur nous plonge directement dans l’intrigue de manière à ce qu’on ne saisisse pas réellement ce qu’il s’y passe, mais avec suffisamment de détails pour capter notre attention. J’étais légèrement perdue au début et le personnage principal ne m’aidait pas à comprendre totalement dans quoi on s’embarque en tant que lecteur, mais ça marche. C’est même excitant puisqu’on sait que les possibilités de plot twists sont infinies et qu’ils seront amenés de façon brillante.

Le concept de découvrir le passé en même temps que celui qui l’a vécu génial. Non seulement on a alors droit à plusieurs chutes bien construites, on se fait également chavirer de tous bords tous côtés lorsqu’on termine chaque chapitre. Amateur de cliffhanger? Ce livre est pour vous et l’un des meilleurs page-turner de science-fiction que je connaisse.

Une bonne chute fait toute la différence.

SPOILER

J’en suis venu à me questionner sur l’honnêteté de notre narrateur à un moment. Le style de narration est parfait pour introduire un unreliable narrator, de sorte que je me suis demandé pouquoi pas? Ça ajoute du piquant dans une histoire qui fait appel à autant de suspens. Bien que finalement ce ne fut pas le cas, j’aime que l’idée me soit passée par la tête, car ç’aurait bien fonctionné avec le fait que les seules informations du présent qu’on détienne soit celles fournies par Grace, incidemment le seul personnage survivant au coma donc avec personne pour confirmer ou infirmer ses dires. Apprendre la vérité petit à petit ajoute tellement à l’histoire.

J’étais shook quand on a réalisé finalement que Grace ne s’était jamais porté volontaire pour la mission, que Stratt l’avait forcé. Avec la mort de DuBois et Shapiro, je me disais que c’était le moment où on apprendrait l’héroïsme de Grace qui choisit de step up pour sauver l’humanité, mais non. Bonne chute!

La planification de ce roman est hallucinante en raison des timelines qui s’entremêlent.

Cependant, si vous êtes du genre à être frustré ou carrément détester lorsqu’un livre devient scientifique et complexe et qu’on ne comprend plus trop ce qu’il s’y passe, je me garderais une petite gêne à lire Project Hail Mary. Grace est un scientifique, donc nécessairement il y aura des expériences pour parvenir à la solution recherchée. Celles-ci sont généralement décrites en long et en large. Oui, on en perd des bouts ici et là. Mais l’auteur nous explique toujours l’utilité et le résultat donc est-ce que ça a eu un réel impact sur ma lecture? Non. Au contraire, c’était le fun d’être dans la tête de quelqu’un de brillant pour une fois.

J’ai particulièrement adoré comment il nous expliquait les étapes de la réadaptation à un mode de vie « normal » après un coma de longue durée; les films comme Passengers nous présentent cette perte de conscience comme un détail facile à régler, où Chris Pratt et Jennifer Lawrence se réveillent après une hibernation de 30 ans frais comme une rose, alors qu’en réalité, la convalescence est excessivement complexe. Quand on pense, il n’y a aucune logique à une convalescence immédiate et miraculeuse. Cette distinction m’a tout de suite frappée.

Chacune des phrases avaient une utilité, ce qui révèle l’intelligence de son auteur. Comme si écrire de la science-fiction n’était pas déjà suffisamment complexe, Weir nous offre un page-turner bien construit. Le style d’écriture

« Besides, if I had a nickel for every time I wanted to smack a kid’s parents for not teaching them the most basic things… well… I’d have enough nickels to put in a sock and smack those parents with it » (67)

L’univers de Andy Weir est brillant. Son intrigue y joue pour beaucoup, mais ce sont les personnages donnent vie à une histoire hors du commun.

J’ai adoré les personnages principaux. Grace est un homme avec les pieds sur terre (badum tss) que j’ai eu envie de soutenir dès le début. Unproblematic, sincèrement gentil, réaliste, intelligent mais conscient de ses limites, loyal… On dirait que je fais la description d’un Golden Retriever mais je vous assure, il s’agit bel et bien d’un homme. Le second personnage, Rocky, m’a fait penser à Wall-E tout le long! Je le porterai dans mon coeur à tout jamais, il a été le sidekick parfait. Leur amitié est *chef’s kiss*. Et puis qui ne voudrait pas d’un extraterrestre comme meilleur ami, question?

SPOILER

Suis-je la seule à m’être imaginée et fait peur lorsque l’amitié entre Grace et Rocky est arrivée à son comble parce que je me disais que c’était impossible que l’histoire finisse bien pour les deux, donc nécessairement Rocky allait mourrir ou alors il y aurait trahison? C’était inconcevable que l’auteur nous donne exactement ce qu’on voulait, c’est-à-dire un sauvetage pour les deux planètes ET conserver le bromance Grace-Rocky. C’est donc sans surprise que je vous annonce avoir pleurer lors de leur séparation, puis lorsque Grace a décidé de retourner au Blip-A afin de sauver son ami et l’a cru mort pendant un instant.

« Once again I’m struck by melancholy. I want to spend the rest of my life studying Eridian biology! But I have to save humanity first. Stupid humanity. Getting in the way of my hobbies. » (275)

Ce roman peut être récapitulé ainsi : science-fiction, plot twist, page-turner, hilarant. Pour toutes ces raisons, le rating de Project Hail Mary est évident.

Pour moi, il s’agit d’une évidence. Le rythme était parfait, j’avais l’impression de faire partie de l’histoire et me suis fait mes propres théories sur ce qui allait se produire. Une science-fiction humaine, un page-turner de qualité, quoi demander de plus? Je me suis amusé du début à la fin.

Je n’ai qu’une critique à adresser à Andy Weir : un meburger, vraiment? Non. Juste, non.

Note finale : 5/5

Mais il y a aussi des citations qui sont beaucoup trop bonnes pour que je vous en prive. Voilà, c’est cadeau.

« But there’s no reason aliens would follow the righty-tighty-lefty-loosey rule, is there? » (147)

« No, that’s not creepy at all. Being in a spaceship twelve light-years from home and having someone knock on the door is totally normal. » (174)

« I’ve gone from ‘‘sole-surviving space explorer’’ to ‘‘guy with wacky new roommate’’ » (254)

Il est déjà difficile d’écrire un bon roman de science-fiction et un page-turner, tous genres confondus. Mais avec ce livre de Andy Weir, les deux s’agencent magnifiquement! S’il-vous-plaît, dites-moi que vous donnerez ou avez déjà donné une chance à Project Hail Mary car je le recommande absolument à tout le monde. Laissez-moi savoir en commentaire!