Vous le savez maintenant, j’aime commencer mes reviews en précisant la raison pour laquelle je lis un livre. Eh bien cette fois-ci, c’est parce qu’une très gentille barista m’a dit qu’elle aimait beaucoup ce livre. Je zieutais Vicious sur le comptoir entre la machine à espresso et la presse à panini depuis un moment avant de finalement aller la voir et lui demander son avis sur ce livre mystérieux dont j’avais brièvement entendu parler. Après avoir adoré The Invisible Life of Addie Larue, je souhaitais découvrir plus de V.E. Schwab. Mais Vicious et les autres livres de la série présentent-ils l’histoire des héros ou des Villains? À vous de choisir.

Synopsis

Dans le cadre d’un projet de recherche pour l’un de leur cours universitaire, Victor et Eli s’intéressent particulièrement aux effets de l’adrénaline, comment celle-ci transforme le corps en cas de situations extrêmes telles que vivre une expérience de mort imminente. Espérant avoir découvert le secret vers l’atteinte de pouvoirs surnaturels, l’envie de passer à l’expérimentation devient trop grande à étouffer. Et rien de ne passe comme prévu. Dix ans passent. Victor s’évade de prison, motivé par une seule idée : retrouver Eli et se venger. De son côté, Eli a poursuivi ce qu’il considère son devoir maintenant qu’il possède la clef de l’évolution : éliminer tous ceux ayant bénéficié d’un cadeau de Dieu, une deuxième chance à la vie, avec en bonus un super-pouvoir possiblement dévastateur. Une fois réuni, lequel des deux sortira vainqueur?

Le concept avancé est ce qui m’a fait gravité autour de ce livre pendant plusieurs mois. Cependant je me l’étais imaginée différemment de comment on nous le présente. Est-ce une mauvaise chose pour autant? Non. Je me serais attendu à une mise en situation où notre protagoniste se transforme dans le cadre d’une expérimentation gouvernementale ou universitaire. De manière organisée et procédurière et que les choses tournent mal, tout simplement. En réalité, le contexte d’expérimentation de nos personnages ne possède rien de la rigueur scientifique. Il s’appuie exclusivement sur des théories rapidement décortiquées, ce qui a été plus difficile à trouver crédible pour moi.

Vicious donne une voix aux villains ou aux héros?

Chacun des personnages étant moralement gris, il semble qu’aucun d’eux ne peut prétendre est un véritable héros. C’est une histoire où tout le monde est un vilain à différents degrés. Autant Victor que Eli méritent ce qui leur arrive, ce dernier encore plus à mon avis. Avec des antagonistes corrompus l’un comme l’autre, il est difficile pour moi de ne pas me sentir de trop en tant que témoin de cette histoire, même si un parti m’apparaît bien moins pire que l’autre.

« He wanted to care, he wanted to care so badly, but there was this gap between what he felt and what he wanted to feel, a space where something important had been carved out. And it was growing. » (204)

SPOILER

On ne peut pas détester Victor même si on est en désaccord avec ses méthodes. Par contre, on peut absolument détester Eli pour sa vision et son opinion de lui-même. Bien que sa motivation à tuer les EOs détienne une part de logique en théorie, who the f* does he think he is? Penser que chacune de ces âmes « brisées » mérite la mort car elle ne possède plus rien de naturel et constitue un danger pour l’humanité? C’est présomptueux pas à peu prêt, surtout en considérant que son propre pouvoir soit plus « divin ». Tout comme Victor, je dois avouer que j’ai pris plaisir à savoir que Eli souffrait durant cette confrontation finale. Victor fait part de l’idée que le pouvoir de d’auto-régénération de Eli l’a rendu très égocentrique, mais il l’était avant même sa tentative.

« EOs are wrong, and I am an EO, so I must be wrong. It was the simplest of equations, but it wasn’t right. Somehow, it wasn’t right. He knew in his heart with a strange and simple certainty that EOs were wrong. That they souldn’t exist. But he felt with equal certainty that he wasn’t wrong, not in the same way. Different, yes, undeniably different, but not wrong. » (215)

J’aime juste pas Eli.

Il y avait une trend sur booktok où les gens parlaient de livres ou d’aspects spécifiques pour lesquels ils n’accepteraient aucune critique. Voici ma version d’une opinion pour laquelle je n’admettrai jamais aucune critique : Serena n’a eu que ce qu’elle méritait. Elle n’a rien d’un héros, tout d’un villains et est indéniablement vicious.

SPOILER

Serena est un réel villain dans cette histoire.

Je serai à jamais catégorique sur cela. Serena ne méritais pas tout le pouvoir que son habileté lui conférait. Elle est pour moi la seule exception par rapport à ce que j’ai exprimé plus tôt, c’est-à-dire qu’elle n’est pas un personne moralement gris, elle est noire. Un noir opaque. Ce qui me dérange le plus n’est pas son pouvoir, mais comment elle a choisi de l’employer. On ne nous mentionne aucun moment où elle l’utilise pour causer du bien autour d’elle, l’autrice va même jusqu’à préciser que Serena a toujours été du genre à chercher un conflit. Elle a fait sauter un gars d’un pont. Elle a fait tuer sa petite soeur.

Vous me direz qu’elle s’est repéché en la sauvant par après, ce à quoi je vous répondrai que deux minutes plus tard, elle a tenté de faire se suicider la première des deux personnes avec qui cette même soeur se sente en sécurité. Avec l’idée en tête de faire exécuter la deuxième. Donc, est-que Serena avait réellement le bien de Sydney en tête? Humor me. La satisfaction que j’ai ressenti face à sa mort, je ne pourrais vous l’exprimer.

Une exécution magistrale

Une main d’applaudissements pour les chapitres courts, s’il-vous-plaît! Des chapitres rapides à lire, un rythme bien soutenu, de nombreux points de vue dans un court laps de temps, ça a définitivement été une recette gagnante.

Je tiens à ajouter que ces points de vue de chacun des personnages permet d’éviter l’une de mes plus grandes frustration dans les thrillers, celle des monologues interminables et superflus pour expliquer au lecteur le pourquoi du comment. Peu de choses m’irritent davantage que cela. Un méchant qui prend son temps pour détailler les étapes de son plan machiavélique en trois parties à son ennemi qu’il tient finalement entre ses mains? Aucun sens. Inévitablement, ça résulte toujours au sauvetage in extremis du héros. Avec le chevauchement des points de vue des « héros » comme des « villains », aucun besoin de ce monologue final dans Vicious. Merci, merci, merci!

SPOILER

Quelle fin intéressante! D’abord, on se dit que Mitch ne peut échapper à la mort deux fois d’affilée, donc le pistolet vide m’a floué, j’ai bien aimé. Ensuite, le plan de Victor qui ne semblait pas du tout en être un au début, génial. Sa cible n’était pas vraiment Eli, il désirait seulement jouer avec lui, la première partie de sa revanche. Faire le choix de capitaliser sur la mort de Serena est la chose la plus logique à faire (et vraisemblablement la seule solution). Ce qui boucle la boucle et apporte l’effet de surprise, c’est la façon qu’on vient à réaliser ce qui s’est passé et pourquoi c’était prévu ainsi par Victor. Quand Stell ordonne à Eli de mettre ses mains sur sa tête, quelle satisfaction!

« Eli had always liked the name. Nicholas and Frederick and Peter, those were the ones he found himself using the most. They were important names, the kind held by rulers, conquerors, kings. » (187)

Malgré le fait que j’ai apprécié ce livre dans son ensemble, je demeure perturbée de réaliser que je n’ai ressenti aucune once de joie. Le sujet est tellement dark et déprimant. À prendre en considération pour les gens qui sont grandement affectés par le mood d’un livre, je pense que c’est une lecture qui pourrait mettre quelqu’un dans un slump.

J’hésite entre deux notes pour mon rating final. À la base, lorsque j’ai fermé ce livre pour la dernière fois, j’avais l’intention de lui accorder un 3 sur 5. L’histoire et ses personnages me sont restés en tête pendant 2 jours ensuite. J’analysais comment je me sentais par rapport à ce que j’y avais lu et cela m’a travaillé un peu plus que je le pensais originalement. C’est un léger entre-deux. Pas tout à fait un 4 étoiles, mais pas seulement un 3 non plus. Si l’on se fie à Vicious, la série Villains s’annonce pour être remplie de nuances de la part des héros.

Note finale : 3.75/5

Vengeful figurant désormais sur ma tbr, laissez-moi savoir en commentaire si cette série vous a plu. Sur ce, bonne lecture!